Condamnation de Sarkozy

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PaulParis
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Condamnation de Sarkozy

Message par PaulParis »

En pointant hier, dans un post précédent, le contraste saisissant entre les titres français après l’annonce du verdict et celui, précis et complet à la fois du New York Times, je n’imaginais pas que les médias s’avèreraient à ce point incapables de prendre la mesure de ce jugement. Je ne parle même pas des journaux comme Le Figaro, qui tentent par tous les moyens de minimiser cette condamnation sans précédent. Je pense plutôt à tous ceux qui, impressionnés par la peine de prison, et surtout le fait qu’elle puisse être exécutée rapidement, ont oublié de rappeler clairement ce pour quoi Nicolas Sarkozy a été déclaré coupable. Libération le rappelle opportunément dans le chapô d’une Une malgré tout focalisée sur « la taule », Mediapart met en exergue, fort justement, ces « faits d’une exceptionnelle gravité », selon la qualification des juges, une expression que Le Monde reprend beaucoup plus discrètement à coté d’une manchette qui préfère affirmer « le choc d’une condamnation historique » plutôt que de dire de quoi il retourne. Imaginez un instant que, pour chaque événement important, les journaux titrent : « Le choc d’un événement important »… Bref, aucun journal ou média français n’a su ou voulu titrer comme l’a fait le New York Times hier : « Sarkozy Guilty of Conspiracy to Use Libyan Money for 2007 Campaign ».

Si la presse française avait fait le choix de titrer ainsi, il serait aujourd’hui beaucoup plus difficile pour nombre de commentateurs (responsables politiques ou journalistes) de tenter de noyer le poisson en expliquant qu’on y comprend rien, comme cet éditorialiste qui, ce matin, reprochait aux juges ne pas s’exprimer, de ne pas s’expliquer alors qu’il suffit de lire leur jugement fortement motivé (et que c’est ensuite le travail des journalistes, éditorialistes compris, de reprendre ces arguments, de les partager, de les publiciser).

S’il me semble très important de titrer correctement sur ce verdict c’est qu’en l’espèce la presse doit assumer une fonction essentielle dans un espace public démocratique : elle doit rappeler les règles du jeu politique et montrer EN QUOI elles ont été transgressées. Et pas juste partager l’émotion (comment la mesure-t-elle d’ailleurs ?) provoquée par une condamnation dont elle choisit d’oublier la raison.
L’enjeu ici est d’écrire en gros caractères et à la Une qu’un ancien président de la République (peu importe son nom à la limite) a été condamné pour association de malfaiteurs en vue de faire financer illégalement la campagne électorale (qui a abouti à son élection) par un État terroriste. Ce président n’a pas conspiré dans l’idée de braquer une banque mais de voler une élection à plus de 44 millions de citoyens et de citoyennes. Vous connaissez beaucoup de crimes qui lèsent autant de gens, et détruisent leur bien commun le plus cher ?
Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais.
Oscar Wilde
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