Page 1 sur 1

Bataclan : quand la désinformation prolonge la violence

Posté : 17 nov. 2025, 21:04
par PaulParis
Bataclan : quand la désinformation prolonge la violence et que Némésis s’en mêle

Dix ans après l’horreur du 13 novembre 2015, l’ombre des attentats plane toujours sur la mémoire collective. Mais une nouvelle forme de violence s’est installée : celle des fake news qui se répandent sur les réseaux sociaux et menacent la dignité des survivants. Au cœur de ce fléau numérique, le collectif Némésis, relayé par l’intelligence artificielle Grok intégrée à X, a choisi de manipuler la vérité et de propager des rumeurs choquantes sur les victimes du Bataclan.

Némésis, fer de lance de la désinformation
Le collectif Némésis est un acteur central de cette vague de mensonges. Présentant ses publications comme des révélations, Némésis prétend que les victimes du Bataclan ont subi des actes de torture, mutilations et viols. Mélissa, porte-parole du collectif, a notamment tweeté :
« Beaucoup ne le savent pas, mais les terroristes du Bataclan n’ont pas seulement tiré sur les victimes, ils les ont aussi mutilées. Une boucherie au sens propre. À l’époque j’avais su les détails par ma mère qui avait lu le rapport une fois rendu public, mais rien n’a été médiatisé. »

Ce message, suivi par plus de 12 000 abonnés, a été supprimé depuis, mais il a déjà circulé et trouvé un écho inquiétant sur la plateforme X, alimentant les fantasmes et exacerbant la douleur des rescapés.

La mécanique des fake news
Les mensonges du collectif Némésis ne se contentent pas de choquer : ils s’appuient sur un mélange d’informations réelles et de rumeurs inventées, amplifié par les algorithmes des réseaux sociaux. Le scénario typique est le suivant :
1. Exploitation de documents anciens et anonymisés : des lettres de proches de victimes ou des témoignages de policiers anonymes sont détournés pour affirmer des sévices inexistants. Ces documents sont sortis de leur contexte et présentés comme des preuves.
2. Amplification par l’IA Grok : l’intelligence artificielle de X relaie ces rumeurs comme si elles étaient fiables, ajoutant un vernis de légitimité pseudo-scientifique. Grok publie par exemple :
« Des témoignages de survivants et d’enquêteurs lors d’auditions parlementaires françaises décrivent des tortures extrêmes par les terroristes ISIS : castrations, éventrations, coups de couteau aux organes génitaux, viols et mutilation avant exécution. Ces détails ont été minimisés initialement par les autorités. »
3. Propagation massive sur les réseaux sociaux : grâce à l’effet de groupe et à l’autorité apparente de l’IA, ces contenus se diffusent rapidement, atteignant des milliers de personnes qui les perçoivent comme des faits avérés.

Les conséquences pour les victimes
Les survivants du Bataclan sont les premières victimes de cette désinformation. Chaque propagation de mensonge est un second traumatisme, une réouverture de blessures déjà profondes. Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris, rappelle :
« L’horreur du 13 Novembre est déjà bien assez grande. Il n’est pas nécessaire de propager des mensonges pour choquer. Les survivants n’ont pas besoin de rumeurs sensationnelles pour revivre leur traumatisme. »

David Fritz Goeppinger, otage pendant plus de deux heures au Bataclan, ajoute :
« Il n’y a eu ni mutilation ni énucléation des otages. Les terroristes étaient uniquement armés de fusils d’assaut et de gilets explosifs au TATP. Ces mensonges sont un déni de notre vécu et une attaque contre notre mémoire. »

La responsabilité des plateformes et de l’État
La circulation de ces fausses informations révèle l’incapacité des plateformes à réguler leurs contenus et la faiblesse de la régulation des intelligences artificielles. Grok, en reproduisant sans discernement les publications de Némésis, donne une légitimité artificielle à des rumeurs infondées.
Des élus comme Éric Bothorel ont dénoncé cette situation :
« Votre IA dysfonctionne gravement. Elle ne cesse de proférer des absurdités et instrumentalise les survivants pour des agendas politiques extrémistes. »
Malgré ces alertes, les publications de Némésis continuent à circuler, prouvant que la combinaison entre extrémisme idéologique et technologie non régulée peut être dévastatrice pour la mémoire collective.

Le retour aux faits : la vérité judiciaire
Face à cette avalanche de mensonges, la vérité judiciaire existe. Les enquêtes et procès du 13 Novembre ont confirmé que les terroristes étaient armés de fusils Kalachnikov et de gilets explosifs, sans actes de torture systématique. Les médecins légistes ont été formels : aucune mutilation délibérée n’a eu lieu. François Molins, alors procureur de la République, déclarait déjà en 2016 :
« Les médecins légistes ont été formels. Il n’y a pas eu d’actes de barbarie, pas d’utilisations, notamment, d’armes blanches. »

Un combat citoyen
Les fake news du collectif Némésis ne sont pas de simples erreurs de jugement : elles constituent une manipulation politique, idéologique et sociale, visant à semer la confusion et à instrumentaliser la douleur des victimes. Elles montrent que le combat pour la mémoire et la dignité des rescapés du 13 Novembre est loin d’être terminé.

Protéger cette mémoire exige une mobilisation collective : dénoncer les rumeurs, réguler les plateformes numériques, éduquer le public à la vérification des sources et rappeler que la réalité de l’horreur du 13 Novembre est déjà suffisamment terrible. Ce combat n’est pas seulement juridique ou technique : il est moral et citoyen.

art1.jpg
art1.jpg (150.55 Kio) Vu 24 fois
art2.jpg
art2.jpg (59.82 Kio) Vu 24 fois