Dès janvier prochain, le contrôle technique automobile change de visage. La réforme impose un durcissement sur plusieurs points :
Voyants électroniques : un voyant moteur, ABS ou airbag allumé, même pour une sonde ou un capteur sans incidence immédiate, conduira à un échec automatique.
Pollution : seuils d’opacité des fumées et de rejets de particules abaissés. Un diesel Euro 4 ou 5, même parfaitement entretenu, risque de ne plus passer.
Suspensions et direction : le moindre jeu, même faible, sera considéré comme rédhibitoire.
Freinage : un déséquilibre léger entre deux roues, qui était toléré, devient éliminatoire.
Fuites d’huile ou de liquide : auparavant « à surveiller », elles entraîneront désormais un recalage immédiat.
En résumé : ce qui relevait de l’usure normale d’un véhicule vieillissant devient un motif d’exclusion.
Les deux-roues sont également dans le viseur. Depuis avril 2024, le contrôle technique est déjà obligatoire pour les motos et scooters de plus de 125 cm³. Dès 2026, les critères seront aussi durcis : bruit, pollution, sécurité.
En janvier, ce ne sera plus seulement un contrôle : ce sera une condamnation.
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Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais. Oscar Wilde
Les conséquences immédiates pour les automobilistes
Le nombre de contre-visites va exploser. Aujourd’hui, environ 20 % des véhicules échouent au premier passage. Avec la réforme, certains experts estiment que ce chiffre pourrait grimper à 40 % ou 50 %.
Chaque contre-visite coûte entre 20 et 40 €, auxquels s’ajoutent des réparations pouvant atteindre plusieurs centaines, voire milliers d’euros. Pour un véhicule d’occasion acheté 3 000 à 5 000 €, l’addition peut vite dépasser la valeur du véhicule.
Résultat : des propriétaires renonceront à réparer. Leurs voitures, encore roulantes, partiront directement à la casse.
Une purge sociale
Qui sera le plus touché ?
Les ménages modestes qui roulent dans des véhicules de 10 à 15 ans, souvent diesel, parce qu’ils n’ont pas les moyens d’acheter du neuf. Les jeunes qui débutent avec des petites voitures bon marché. Les ruraux qui n’ont pas d’alternative aux longues distances en voiture.
En clair : ceux qui ne peuvent pas se payer une citadine électrique à 25 000 € ou un SUV hybride rechargeable subventionné.
Un marché de l’occasion déstabilisé
Avec ces règles, le marché de l’occasion va se contracter brutalement :
Des centaines de milliers de modèles ne passeront plus le CT sans réparations lourdes. Leur valeur résiduelle va s’effondrer. Les acheteurs se détourneront de véhicules jugés « à risque de recalage », réduisant encore la demande.
Les vendeurs perdront plusieurs milliers d’euros. Les acheteurs devront se tourner vers des véhicules plus récents, donc plus chers.
Une casse écologique
On nous vend la mesure comme une avancée pour l’environnement. Mais mettre à la casse des voitures parfaitement fonctionnelles n’a rien de vertueux :
La fabrication d’un véhicule neuf génère entre 5 et 10 tonnes de CO₂, bien plus que ce que consommerait le véhicule ancien sur plusieurs années. La destruction de véhicules encore fiables gaspille des ressources rares (acier, aluminium, plastiques, composants électroniques). La filière de recyclage n’est pas dimensionnée pour absorber une telle vague.
On en arrive au paradoxe : au nom de l’écologie, on augmente l’empreinte carbone globale.
Une manne financière pour certains
Si les automobilistes y perdent, d’autres y gagnent :
Les centres de contrôle verront doubler le nombre de contre-visites payantes. Les garagistes bénéficieront d’un afflux massif de réparations imposées par la réglementation. L’État profitera indirectement de la hausse des ventes de véhicules récents, via la TVA et les malus appliqués.
Le contrôle technique devient une machine à cash, sous couvert de sécurité et d’écologie.
Les deux-roues dans le viseur
Depuis avril 2024, le contrôle technique est déjà obligatoire pour les motos et scooters de plus de 125 cm³. Dès 2026, les critères seront aussi durcis : bruit, pollution, sécurité.
Là encore, des centaines de milliers de deux-roues encore fiables sont menacés. Le cumul avec les ZFE (Zones à Faibles Émissions) et le stationnement payant dans certaines villes (Paris, 3 €/h en zone 1) achève de rendre la moto inaccessible aux usagers populaires.
Le cas des diesels : une élimination programmée
Les diesels Euro 4 et 5, produits entre 2005 et 2015, sont particulièrement menacés. Pourtant robustes et adaptés aux longs trajets, ils vont massivement échouer aux nouveaux tests de pollution.
Ce sont des millions de voitures encore en circulation qui seront recalées. Le gouvernement, incapable d’assumer une interdiction frontale, organise leur disparition par la voie administrative.
Le lien avec les ZFE et le malus
Le durcissement du contrôle technique complète un dispositif plus large :
Les ZFE excluent progressivement les Crit’Air 3 et 4 des grandes villes. Le malus écologique et le malus poids rendent inaccessibles les véhicules familiaux neufs. Le contrôle technique durci élimine les véhicules anciens encore fiables.
À chaque étape, l’automobiliste est coincé : trop pauvre pour acheter du neuf, trop menacé pour garder son ancien véhicule.
Une fracture sociale et territoriale
La réforme aggrave une fracture déjà béante :
Dans les grandes métropoles, seuls les plus aisés pourront continuer à rouler, à condition de payer stationnement, malus et véhicules hybrides. Dans les zones rurales et périurbaines, où la voiture est indispensable, des millions de ménages verront leur mobilité réduite ou devront s’endetter pour racheter un véhicule.
C’est une politique de tri social par la mobilité.
Conclusion : une exécution bureaucratique
Le nouveau contrôle technique de janvier 2026 n’est pas une réforme technique. C’est une purge bureaucratique. Derrière le discours de la sécurité et de l’écologie, il s’agit d’organiser la mise à mort des véhicules anciens, au profit des constructeurs, des garagistes et du fisc.
Des millions de voitures et de motos encore en état vont disparaître, non pas parce qu’elles sont dangereuses, mais parce qu’elles ne cochent plus les cases d’un règlement.
C’est une transition imposée par la contrainte et par la casse, au détriment des ménages modestes, des territoires ruraux et de l’environnement lui-même.
En janvier, ce ne sera plus seulement un contrôle : ce sera une condamnation.
Vieillir c'est quand on dit « Tu » à tout le monde et que tout le monde vous dit « Vous ». Marcel Pagnol